Seulement cinq ans après la présentation de la génération 964, pourtant remaniée à 85 % par rapport à la Carrera 3,2 qu’elle remplaçait, Porsche remet donc son modèle fétiche sur le métier, situation financière oblige ; en ce début des années 90, on est bien loin des bénéfices colossaux actuellement réalisés !
On ne se contentera donc pas cette fois-ci de quelques retouches esthétiques : exit les ailes avant proéminentes dont le dessin n’avait pas évolué depuis le millésime 1969, place à une nouvelle face avant inspirée de la 959 intégrant de nouveaux optiques affleurants et bien plus efficaces qu’auparavant ! D’autres bonnes surprises, comme notamment l’implantation des balais d’essuie-glace au centre du pare-brise, la meilleure intégration de l’aileron mobile dans le capot arrière ou encore le nouveau dessin en arrondi des arches de roues ayant pris du muscle au passage (voies élargies de 25 mm à l’avant et de 70 à l’arrière) contribuent à faire de la 993 Carrera une réussite esthétique que l’on doit au chef styliste de l’époque, Harm Lagaay. C’est bien simple : à l’exception du pavillon, des portières et des surfaces vitrées, tout est nouveau, et ça se voit !

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L’autre grande nouveauté de la 993 Carrera, c’est l’architecture de son train arrière multibras en aluminium dite “LSA” (Légèreté, Stabilité, Agilité) et inspirée de l’essieu “Weissach” initialement conçu pour la 928. Il en résulte une plus grande facilité de conduite, en particulier dans les conditions extrêmes où elle se montre plus prévenante... Mais ce n’est pas pour autant qu’elle est dénuée de tout caractère, c’est quand même une 911 !
Et le moteur ? Dérivé du moteur de la précédente génération 964 dont les pistons et bielles ont notamment été allégés, le 3,6 litres, désormais équipé de poussoirs hydrauliques permettant notamment de réduire les coûts d’entretien et doté du dernier système d’injection piloté Bosch M2.10, développe la puissance de 272 cv DIN à 6 100 tr/mn. Quant à la transmission, la grande nouveauté est de disposer d’une boîte manuelle offrant 6 rapports, l’option automatique Tiptronic qui avait fait son apparition sur la 964 étant toujours disponible. Cette option évolue en Tiptronic S dès le millésime suivant avec la possibilité pour le conducteur de sélectionner les rapports à partir des commandes intégrées au volant. Ce millésime 1995 ( série « S ») est aussi celui du lancement de la 993 Carrera 4 dont le système de transmission intégrale, nettement allégé par rapport à la 964, lui permet un gain d’un dixième de seconde de 0 à 100 Km/h par rapport à la version à deux roues motrices !
D’autres nouveautés sont à venir au cours de ce millésime 1995, et pas des moindres : la version RS tout d’abord qui, bien que moins « radicale » que la 964, n’en conserve pas moins l’esprit avec un allégement de l’ordre de 100 kg par rapport à la Carrera normale ! Son moteur de 3,8 litres inaugure la système d’admission Varioram (à tubulures de longueur variable) et développe la puissance de 300 cv DIN à 6 500 tr/mn, ce qui lui permet d’abattre le 0 à 100 Km/h en tout juste 5 secondes !
Mais celle qui constitue incontestablement la version la plus aboutie de cette nouvelle génération 993, et de ce fait représente l’ultime évolution de la 911 à refroidissement par air, c’est la fantastique Turbo dont la filiation avec l’exceptionnelle 959 est indéniable : comme cette dernière, elle est dotée d’une transmission intégrale dont la répartition de la force motrice varie continuellement, quelles que soient les conditions de conduite ! Le moteur de 3,6 litres, contrairement aux versions atmosphériques, n’utilise qu’une bougie par cylindre ; il est désormais suralimenté par deux turbos K 16, sa puissance atteignant la phénoménale valeur de 408 cv DIN à 5 750 tr/mn ! Dans la brochure qui lui est consacrée, avec la modestie légendaire qui caractérise Porsche, on peut lire ceci : « Nous croyons que la 911 Turbo est l’une des voitures les plus sûres » …

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